Salut parents et amis!
Les mots me manqueront pour parler de la semaine que nous avons passé à Tabarka, dans le nord de la Tunisie, près de la frontière algérienne. En fait, la ville nous a séduits. Tabarka est une petite ville côtière qui conserve une authenticité magnifique. Un pied dans les montagnes, un pied dans l’eau, les rues sont parsemées de poissonneries qui se ravitaillent de poissons succulents à même la Méditerranée qui leur fait face. Les plages de sable fin invitent touristes, mais surtout locaux à la baignade en eau salée. Les quelques hôtels touristiques donnant sur la mer n’arrivent pas à miner l’authenticité de l’accueil des gens quand on se promène dans les rues.
Le matin, une magnifique scène se met en place au café du coin où l’on sert le thé à la menthe, le café et la chicha (tabac aromatisé fumé dans une pipe à eau). Après le chant de l’imam au minaret de la mosquée invitant à la prière du lever du soleil - le chaud soleil se levant sur l’est - la rue perpendiculaire à la mer se remplit de petites tables à café sur lesquelles les habitants boivent et fument. L’après-midi, après le chant de l’imam au minaret de la mosquée invitant à la prière du zénith, le café a magiquement changé de direction pour suivre l’ombre projetée du bâtiment au sol et c’est la rue parallèle qui se retrouve bondée de petites tables rondes et de chaises occupées par les passants en manque de repos. Ici, on ne va pas cuire au soleil toute la journée comme les stupides touristes font. De tout façon, leur coloration de peau est à rendre jaloux. Ici, on cherche les points d’ombre dès que c’est possible. Mais une nouvelle transformation est à attendre après le chant de l’imam au minaret de la mosquée invitant à la prière du coucher de soleil. Dans la fraîcheur relative du soir, toute la ville s’active et ce sont les deux coins de rues qui se remplissent d’hommes qui ont bien mérité une chicha de repos et un brin de socialisation avec les amis autour d’une partie de cartes traditionnelles ou italiennes ou encore avec une poignée de dominos à la main. Voilà le train de vie au café du coin.
La ville est remplie de ces petites merveilles du quotidien. Au restaurant, sur une autre petite rue, on commande un ojja aux crevettes, une sorte de ragoût tomaté épicé. Pas de problème, le serveur marche un coin de rue vers la poissonnerie du coin pour nous acheter directement les crevettes qui seront servies toutes entières dans notre assiette quelques instants plus tard. De même que la fruiterie sur un autre coin regorge de fruits qui semblent tous aussi sucrés et juteux les uns que les autres. C’est le temps des melons et les grosses pastèques nous font constamment envie. Le seul problème c’est la gestion d’un tel amas de nourriture. Ici, on achète le melon entier uniquement et il coûte trois fois rien, à savoir plus ou moins 2 dollars la pastèque.
Je vous ai déjà donné un bon avant goût des appels à la prière que l’on peut entendre retentir dans toute la ville pendant la journée. Mais sachez que les trois impliquant le soleil sont les moins dérangeantes. Entendre un chant religieux au lever du soleil, à son zénith et à son coucher, ce n’est pas mal. Et même, si on se trouve loin des mosquées, on peut ne pas entendre les chants du tout. Les deux prières manquantes pour compléter les cinq prières quotidiennes d’un bon musulman se font le soir, après que les dernières lueurs soient disparues à l’horizon et avant que les premières lueurs du matin ne percent de l’autre côté. En plein été, le soleil se lève tôt, alors les lueurs arrivent en conséquence. À Tabarka, c’est vers 3h30 du matin que les 2 imams des 2 mosquées annonçaient la première prière de la journée avec deux chants différents chantés en même temps. Une jolie cacophonie qui ne peut faire autrement que nous réveiller et qui durera entre deux et trois minutes. Vous penserez que depuis le temps que nous sommes en terrain islamiste, nous avons eu le temps de nous habituer. C’est vrai. Mais la position peu enviable de notre hôtel à Tabarka a relégué aux oubliettes toute acclimatation possible, à savoir que l’établissement est installé face à la première mosquée de la ville et que la seconde est une rue plus loin à gauche. En gros, les haut-parleurs sont dans ta cour.
Mais toutes ces histoires d’appels à la prière, JP et moi on s’en foutait pas mal, puisque Tabarka nous a simplement retenue dans ses serres. Bravo au père de JP qui a deviné l’allusion faite il y a une semaine sur le blogue de JP, lorsque ce dernier avait déclaré que nous allions découvrir le monde du silence de Tabarka. Et nous l’avons tant exploré ce monde du silence que JP et moi avons appris à communiquer par signes et que nous avons maintenant un diplôme qui atteste notre expérience en la matière. Vous devinez? Pour la fin de notre voyage, nous nous sommes payé un trip formidable en obtenant le premier niveau international de plongée sous-marine. Une nouvelle piqure! Au départ, évidement, c’est seulement l’idée de plonger 2 ou 3 trois fois qui nous a attirés au club nautique municipal. Mais après le baptême de plongée. La discipline nous a tant séduite que nous avons considéré rester un peu plus longtemps à Tabarka que prévu et accumuler les plongées nécessaires à l’obtention du premier niveau de compétence. Après dix plongées étalées sur 6 jours, nous sommes donc désormais aptes à plonger jusqu'à 25 mètres de profondeur accompagné d’un guide.
Mais tout ça, ce n’est que la technique. Rien d’important. L’important c’est la beauté des récifs que nous avons eu la chance de voir à Tabarka. C’est la diversité étonnante des espèces que nous avons pu identifier. C’est l’incomparable sensation de flotter, presque voler dans un monde complètement nouveau. C’est le plaisir de la rigueur du sport, où le cabotinage n’est pas de mise, où la confiance est la clef de la discipline et où les sérieuses précautions excitent le sens du risque. C’est nager à travers des bancs de poissons multicolores qui s’approchent sans gêne à quelques centimètres de toi. C’est la satisfaction d’améliorer sa dextérité au fil des plongées. C’est l’émerveillement de découvrir un univers inconnu que l’on n’imagine pas si riche lorsqu’on regarde l’eau de la surface. C’est le plaisir de plonger dans le monde du silence. C’est une passion que l’on a attrapée.
En plus, l’équipe du club nautique municipal a été d’une immense gentillesse. Au fil des jours, on a vraiment senti qu’on faisait partie de la grande famille des plongeurs de Tabarka. En plus du sentiment sous l’eau, le sentiment d’attachement que nous avons ressenti pour tous ceux que nous avons côtoyés durant cette semaine complète la main.
Nous avons quitté Tabarka pour aller rejoindre Beya, l’amie de JP, une Tunisienne qui a immigré avec son mari et ses trois enfants au Canada et qui nous a invités chez elle pour ses vacances en terre d’origine. Toute la famille est extrêmement gentille et nous sommes reçus comme des rois! Quel plaisir de plonger dans l’univers d’une vraie famille tunisienne au quotidien. C’est une rare opportunité d’expérimenter l’échange interculturel. Si toutes les familles québécoises étaient jumelées à une famille immigrante pour échanger à propos des cultures respectives, bien des choses se mettraient en place d’elles-mêmes. C’est utopique, mais c’est à viser. Mettre un visage sur les gens d’une autre culture, c’est la première étape pour les considérer égaux à soi, comme des êtres humains et pas comme une image virtuelle improbable et stéréotypée.
Ceci est certainement mon dernier message avant mon retour. Ce voyage en aura été un de découvertes sur l’Autre. Je reviens enrichi d’expériences inoubliables, mais avant tout plus conscient des réalités que peuvent contenir notre monde. Part-on pour mieux apprendre à revenir? Peut-être. Je le crois. Si on doit revenir, c’est obligatoirement plus alerte, plus ouvert et plus conscientisé. J’espère que ce blogue vous aura aidé à suivre mes aventures. Je suis persuadé que c’est le meilleur outil pour vous faire un portrait général de mon voyage. Au retour, on n’arrive jamais à résumer un si grand voyage avec les bons mots. J’espère que ce blogue aura l’avantage de devenir un tour d’horizon qui vous aidera à arriver avec des questions encore plus précises, pour que nous puissions aller ensemble plus loin que la seule description de voyage du style carte postale.
Mon retour est toujours prévu pour le 14 juillet. J’ai bien hâte de vous revoir. Pour la dernière parution, je vous dis
Tchüs (ALM-AUT)
Vislad (HON)
Dobri den (SLK)
Dober den (CZ)
Dien dobre (POL)
Dovidenia (UK)
Iki (LIT)
Dober Dan (SLO)
Dobar Dan (CRO-MON)
Calimera (GRE)
Bes-slema (MAR-TUN)
En français, « Bonjour » ou « Au revoir » dans quelques autres pays du monde
Courtes correspondances
15 juillet : Foudatoui! Me voici de retour au pays! Merci de m'avoir suivi tout ce temps, Vous avez été une part importante de ma motivation à écrire sur ce blogue, J'ai hâte de vous revoir ne personne!
vendredi 10 juillet 2009
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Salut Sam,
RépondreEffacerQuels récits tu nous a fait vivre. Non seulement c'était tellement captivant, mais à l'arrière de toutes ces descriptions que j'imaginais, je retrouvais le Samuel que je connais et en partie découvrais. Spontané, généreux, à coeur ouvert, artiste, etc, merci beaucoup à toi et j'ai un grand plaisir à l'idée de te revoir.
Louise A.
XX :-))
bon retour les gars c'est la fin d'une merveilleuse épopée
RépondreEffacerAu plaisir de partager avec vous deux votre bonheur et vos vécus mémorables..
A bientôt ...Baci XXX
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.
RépondreEffacer